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Humanisme et renaissance - Le classicisme - Les lumières
Les lumières
• Définition des Lumières
En 1784, le philosophe allemand Kant propose une devise qui peut définir les Lumières : « Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! ». Ce mouvement repose avant tout sur l'adoption d'une attitude intellectuelle : se servir de sa propre raison librement, en se dégageant des dogmes, des superstitions, des préjugés. Ce mouvement ne peut être séparé de la naissance des sciences modernes (perfectionnement des instruments de mesure, développement de la biologie, méthode expérimentale, volonté d'expliquer le monde par des lois physiques).
• Lumières de l'Europe, Lumières françaises
Le triomphe des Lumières françaises (accentué par le retentissement de la révolution de 1789) en masque la dimension européenne. Certes, les philosophes français rayonnent sur l'Europe par leurs voyages (Voltaire en Prusse et en Angleterre, Diderot en Russie) et leur correspondance. Mais l'Europe toute entière joue un rôle déterminant dans l'origine et le développement du mouvement : la monarchie parle- mentaire anglaise comme modèle politique, sans oublier l'influence de Newton et de Locke, la Hollande comme foyer de diffusion des œuvres.
• Cibles, enjeux et diffusion de l'esprit critique
Les philosophes des Lumières exercent leur esprit critique à l'égard de toute chose :
- en politique (critique de la monarchie absolue de droit divin, de la tyrannie) ;
- dans le domaine social (défense des droits de l'homme, lutte contre la peine de mort, la torture, le servage et l'esclavage, l'ethnocentrisme) ;
- dans le domaine religieux (lutte contre les superstitions, l'intolérance ; remise en cause de l'Église, anticléricalisme ; émergence timide de l'athéisme). Ainsi s'élabore une réflexion sur le bonheur de l'homme sur Terre. Les philosophes des Lumières entendent diffuser leurs idées au plus grand nombre, malgré la censure : en s'engageant dans les affaires de leur temps (comme Voltaire dans l'affaire Calas) ; en produisant des œuvres de vulgarisation comme l'Encyclopédie ; en ayant recours à la fiction pour dénoncer la réalité (conte philosophique, roman).• Étudier un mouvement culturel dans sa diversité : les Lumières
Si l'attitude critique caractérise l'ensemble du mouvement, il serait faux de penser comme unique la figure du philosophe des Lumières et comme identiques les armes qu'il choisit. Pour éviter cet écueil, il est préférable :
• d'être attentif à la variété des genres utilisés : dictionnaire, essai, roman, conte philosophique, correspondance, théâtre... ;
• de ne pas schématiser la pensée des philosophes mais de tenir compte de la variété de leurs positions (et même de l'évolution de la pensée chez chacun) : ainsi, l'athéisme d'un Diderot contraste avec la position déiste de Voltaire (reconnaissance d'un être suprême, créateur de l'univers, qui reconcilie les différences de dogmes et de rites) ; de même, le souhait d'une évolution des monarchies vers un modèle à l'anglaise (Voltaire, Montesquieu) diffère de la réflexion de Rousseau, où se jouent les fondements d'une démocratie ;
• de prendre en compte la naissance d'une sensibilité nouvelle, qui accompagne les Lumières : réhabilitation des passions chez Diderot, rêveries liées à la nature (Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre), expression du moi (les Confessions, de Rousseau).